Prise de Vertige; Souvenirs, souvenirs... [Keira]

Ce matin là, Keira avait particulièrement envie de visiter Paris. Cela ne faisait pas longtemps qu’elle s’y trouvait, et, mis à part les magasins, elle n’avait encore rien vu. Elle décida donc de visiter la Tour Eiffel, le monument dont tout le monde parle. Elle s’habilla très simplement : jean, débardeur et lunettes de soleil. Elle espérait que personne ne la reconnaitrait, elle souhaitait être seule, et pouvoir faire comme tous les touristes.

Quelques minutes plus tard, la jeune femme marchait dans la rue, et avait toujours peur d’être reconnue. Dès que quelqu’un la regardait, elle accélérait le rythme de ses pas. En s’installant à Paris, elle avait pensé, naïvement il faut l’avouer, que les gens la laisseraient tranquille. Elle s’était dis que vu le nombre de stars vivant ici, les habitants feraient comme si ils étaient comme tout le monde. Mais dès son arrivée, les fans la suivaient, la prenaient en photo, et lui demandaient des autographes. D’ailleurs, Keira était étonnée d’être enfin seule, dans la rue, sans être poursuivie par une horde de photographes. Elle ne s’en plaignait pas, évidemment, et profitait du calme qu’elle goutait.

Arrivée à la Tour Eiffel, notre héroïne commença à paniquer. Il y avait tant de touristes, tant de gens. Elle pensa à rebrousser chemin, mais désirait tant aller en haut du monument ! Elle prit son courage à deux mains, et fit la queue pour prendre l’ascenseur. En attendant, elle vit un jeune homme prendre les escaliers. Un instant, elle eu envie de le suivre, au lieu d’attendre son tour pour l’ascenseur. Mais finalement, elle décida de prendre l’ascenseur.

Son tour arriva, et c’est soulagée que la jeune femme pris l’ascenseur. Elle croyait pouvoir monter tout en haut, mais c’était interdit. Keira était déçue. Elle aurait tant voulu être au sommet. Elle cherchait un moyen de monter sans être aperçue, lorsqu’un homme, qui devait sûrement faire partie de la sécurité, la reconnu. Il lui demanda un autographe, pour ses enfants, et la jeune femme en profita pour lui demander si elle pouvait encore monter. C’était interdit, mais il accepta qu’elle monte, et ne parle de lui à personne. Keira était soulagée et le remercia mille fois. Elle n’avait pas l’habitude de se servir de sa notoriété, mais elle désirait tant être tout en haut. Elle monta donc, discrètement, impatiente de se trouver seule, enfin seule, et de profiter de cette belle matinée ensoleillée.

Mais, arrivée au sommet, elle vit un jeune homme, de dos. Comment était-il arrivé ici ? Tout à coup, il se retourna…

Il se retourna, et Keira n’en crut pas ses yeux. Lui. Après leur nuit, elle avait tant espéré le revoir, mais il ne lui avait plus donné signe de vie. Elle avait alors essayé de l’oublier. En vain. Ses yeux, son sourire, ses cheveux…Il ne lui avait rien promis ce soir là, mais elle était tellement en colère contre lui. Elle lui en voulait tellement. Combien de fois avait-elle pleuré, seule dans sa chambre ? Combien de fois avait-elle lu les magasines, le voyant en compagnie de jeunes femmes, différentes chaque jour ? Elle voulait le frapper de toutes ses forces, et l’embrasser. Elle voulait le pousser dans le vide, et se jeter dans ses bras. Mais elle restait là, sans bouger, face à lui.

« Bonjour », la salua-t-il, en souriant.

Comment osait-il ? Comment pouvait-il lui sourire, comme si de rien n’était ? Comme si rien ne s’était passé entre eux. Comme si cette nuit n’avait jamais existé ? Tant de questions se succédaient dans son esprit.Son coeur battait à tout rompre. Elle ne savait pas comment réagir. Faire comme lui ? Ou lui avouer sa colère ? Elle se triturait les doigts, ne sachant que faire d’autre. Elle s’approcha alors du vide, pour voir Paris sous ses pieds, et réfléchir à une réponse. Quelle gamine ! Tu as joué tant de scènes de colère, d’amour, de combats ! Tu n’es même pas capable de dire ce que tu penses ! C’était impressionnant, de voir Paris sous ses pieds, comme si elle dominait la ville. La jeune femme sentait le regard de Chace sur elle. Elle s’efforçait de détourner le regard, de ne pas poser ses yeux sur lui. Il se moque de moi, surement. Ses copines ne réagissent pas comme moi. J’ai vraiment l’air d’une adolescente ! Keira se redressa, et fit face au jeune homme. Elle enleva ses lunettes de soleil et le regarda dans les yeux. Elle le regardait sans sourire, sans sourciller.

« Salut », lui répondit-elle enfin, toujours sans sourire.

Elle avait décidé de ne plus se laisser avoir par lui. Arrivera-t-elle à tenir son engagement ?

Keira n’avait qu’une envie maintenant : bousculer Chace dans le vide. Mais il fallait être raisonnable. Elle n’était pas censée se trouver au sommet de la Tour Eiffel, et si elle allait au bout de ses envies, elle serait une meurtrière. Elle devait quand même avouer que le jeune homme en face d’elle ne la laissait pas indifférente. Au contraire. Mais elle savait maintenant que derrière ce visage d’ange se cachait un être diabolique. La jeune femme hésitait. Faire comme si rien ne s’était passé, ou au contraire, profiter de leur rencontre inattendue sur la Tour Eiffel pour avoir une petite discussion sur les évènements passés ? Elle décida de ne pas le laisser filer. Cela faisait si longtemps qu’elle voulait avoir cette discussion, hors de question de se dégonfler. Elle regarda son interlocuteur dans les yeux, et dit :

« Tu ne m’as pas reconnu ? C’est vrai que cela fait un bout de temps que nous ne nous sommes pas vu. Mais n’exagères pas. Pour te répondre, je vais très bien. Et toi, comment vas-tu ? Enfin, je te le demande, mais j’ai vu dans la presse que tu t’amusais beaucoup. C’est qui, alors, la dernière en date ? »

Keira s’arrêta de parler, et repris son souffle. Maintenant qu’elle avait commencé à parler, elle ne voulait plus s’arrêta. Elle souhaitait lui crier sa colère. Lui dire à quel point il l’avait dégouté après leur soirée. Que son excuse d’audition était minable. Elle voulait lui dire qu’elle n’était pas le genre ce genre de femme qui ne recherchait que des relations d’une nuit. La jeune femme voulait le gifler, le frapper de toutes ses forces.

Keira sentait sa colère affluer en elle. Ainsi, il se permettait de rire, alors que leur situation était tout, sauf marrante. Sa répartie sur la presse people la laissait de glace. Evidemment qu’elle la connaissait, et justement. Ne disait-on pas qu’il n’y avait pas de fumée sans feu.

« Chace, Chace, Chace. Evidemment que je connais la presse people. Je sais qu’ils répandent des idées fausses, souvent. Mais les photos….Comment peuvent-ils inventer des photos ? Il faut dire que tu ne te caches pas vraiment. J’irais même jusqu’à dire que, peut-être, tu le fais exprès. De quoi te faire une réputation de Dom Juan. Néanmoins, tu m’étonnes. Répondre à une question par une autre question. Serait-ce pour échapper à ma colère ? Tu serais peut-être même intelligent. Etonnant ! Mais j’ai quelques petites critiques à te faire. Pour commencer, ce n’est pas très galant de m’utiliser, un soir, et de se sauver le lendemain matin. Même très lâche, je dirais. Ensuite, tu aurais pu, au moins, me rappeler. Même si c’était pour me dire que tu ne voulais plus me voir. Pour me prévenir, tu vois ? Et si tes autres conquêtes acceptent de se réveiller seule, après une nuit avec toi, je ne suis pas comme elles. D’ailleurs, si tu veux tout savoir, je me retiens depuis tout à l’heure pour ne pas te gifler. Car c’est tout ce que tu mérites, une bonne paire de claques. »

Etrangement, Keira se sentait bien. Comme si, dire ses quatre vérités à Chace la vidait de toutes les ondes négatives. Elle aurait pu lui parler de sa colère pendant des heures, si elle n’était pas impatiente d’entendre ses explications.

Keira crut qu’elle allait défaillir. Elle avait attendu des explications depuis si longtemps. Et elle les avait, maintenant, sur la Tour Eiffel. Elle s’attendait à plein d’excuses, toutes plus farfelues les unes que les autres. Mais on pouvait voir la surprise se dessiner dans ses yeux. Elle s’attendait à tout, sauf à ça. Après les aveux de Chace, elle croyait qu’elle avait rêvé. Ou avait mal entendu. Après tout, cela pouvait arriver. La jeune femme s’était promis de ne plus retomber dans les bras de ce joli cœur. Mais elle était sur le point de ne pas tenir son engagement. Elle voyait ce regard si triste, si perdu. Elle n’avait qu’une envie, le prendre dans ses bras. Amicalement…Elle voulait même lui demander pardon, pour toutes ses paroles blessantes. Il n’était plus question de gifles dans ses pensées. Elle tombait de haut, on peut dire. L’idée que le jeune homme avait un cœur lui vint à l’esprit, pour la première fois depuis le début de leurs retrouvailles. Malgré tout, elle ne savait pas si il disait la vérité, ou pas. Peut-être mentait-il, pour être tranquille. Mais l’émotion qui se dégageait de son regard prouvait qu’il disait vrai. Keira essaya de parler, sans y réussir. Elle ne voulait pas que Chace remarque la défaillance de sa voix, ni les tremblements de ses mains. Elle ne voulait pas qu’il voit son émotion. Elle prit donc son inspiration, avant de parler.

« Je suis désolée, d’avoir été blessante. Je…Je ne savais pas. Tu aurais dû m’en parler plus tôt. Tu n’es pas le seul à avoir peur de l’amour. Beaucoup de personnes en ont peur aussi. Je ne pensais pas que tu avais si peu d’estime pour toi-même. Tu parais si sur de toi. »

Keira avait envie de s’approcher de lui, le prendre dans ses bras. Mais elle se retenait. L’envie se faisait si forte. Elle espérait ne pas avoir à regretter ses paroles. Elle espérait qu’il ne jouait pas un jeu. Mais peut-être fallait-il lui faire confiance.